tenant ainsi l’opinion du baas, vous ne songez pas, ami Blom, aux difficultés de la traversée du Karrou. Nous avons déjà eu bien de la peine à le franchir quand notre caravane possédait bœufs et chevaux. Et puis, dans votre hypothèse, vous faites abstraction des femmes et des enfants, qui certes seraient incapables de marcher à pied pendant les longues étapes du Karrou. Autant dire que vous ne nous avez ouvert aucun avis, et j’ajoute que ceci n’est pas un reproche, car je n’entrevois pas moi-même un seul moyen de salut.
— Ah !… vraiment ! fit Jan Van Dorn, qui tirait de sa pipe d’énormes bouffées de fumée avec un flegme tout hollandais.
— Si vous avez une idée, baas, tirez-nous de peine bien vite en nous la confiant, lui dit Klaas Rynwald.
— Ah ! il n’y a que vous, Jan Van Dorn, pour ne vous laisser abattre par aucune épreuve, » ajouta Hans Blom.
Habitué de la part de ses associés à cette bonhomie pleine de déférence, le baas ne leur fit pas attendre l’explication de ses projets. Il débuta ainsi :
« Comme il nous faut sortir d’ici de toute manière, je m’étonne que ni l’un ni l’autre de vous n’ait calculé que nous avions moins loin à aller au lieu où nous nous rendions qu’à retourner en arrière. Nous sommes maintenant assez rapprochés du pays où nous comp-