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Karl de Moor. (Page 12.)


l’émoi. Tous les animaux, épouvantés, se fussent sauvés s’ils n’avaient été attachés solidement. Les oreilles droites, les narines frémissantes, le poil dressé, ils faisaient de vains efforts pour s’échapper, tandis que leurs gardiens se cachaient tant bien que mal derrière les wagons. Aucun serviteur, cafre ou botten-tot, ne possédait d’arme à feu. En temps ordinaire, ils n’avaient pas besoin d’un fusil pour garder leurs troupeaux, et le baas n’avait pas jugé à propos de leur en donner pour le temps du voyage. Peut-être avait-il craint, dans les épreuves inévitables d’une telle expédition, une révolte contre son autorité de la part de ces pauvres gens que leur ignorance pouvait pousser à une sottise de ce genre.

L’ennemi ne tarda pas à se montrer. Déjà l’on apercevait des fourrures fauves à travers les taillis de mopanés. Les lions décrivaient de grands zigzags qui les rapprochaient peu à peu de la caravane. Leur vacarme assourdissant indiquait que ces fauves étaient affamés et par conséquent furieux. Ils débouchèrent tous ensemble du bois et s’ils eussent opéré en ce moment une attaque simultanée, c’en était fait des Vee-Doërs ou tout au moins d’une grande partie de leurs bestiaux.

Mais, par bonheur pour eux, le lion, suivant en cela l’instinct de toute la race féline, n’engage jamais le combat à la légère. Il étudie sournoisement son adversaire avant de se jeter sur lui par un bond oblique.