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Gaspardo avait escaladé le tronc entaillé. (Page 67.)


« Attendez, elles sont obligées de repasser par ici. Si nous allons du côté de la lumière, elles nous verront, donneront l’alarme et peut-être parviendront à nous échapper. Shebotha est rusée comme un iribu56, et aussi agile de ses vieilles jambes qu’une autruche. Elle disparaîtrait en un instant dans les broussailles. Tenons-nous prêts. Dès qu’elles seront à votre portée, vous, mes enfants, saisissez-vous de la jeune fille ; je fais moi, mon affaire de la vieille. Mais attention : il s’agit, avant tout, d’étouffer leurs cris. »

Tandis que Gaspardo parlait, Nacéna s’était relevée, et les deux femmes sortaient de l’ombre projetée par l’échafaudage. Au moment où elles dépassaient les racines du figuier, Shebotha marchait un peu en avant. Les deux femmes soudain se sentirent assaillies. Un mouchoir appliqué vivement sur leur bouche leur interdisait de pousser un seul cri. La sorcière avait été terrifiée à la vue de ces trois hommes appartenant à la race abhorrée des Visages pâles, qui se trouvaient si inopinément dans un lieu où pas un peut-être avant eux n’avait pénétré. Elle n’avait eu ni le temps ni la faculté de faire un seul mouvement ; maintenue par le bras puissant du gaucho, toute résistance eût d’ailleurs été vaine. Approchant de sa poitrine la pointe de son couteau : « Pas un mot, lui dit-il, pas un geste, ou tu es morte ! »

Cypriano et Ludwig s’étaient emparés de