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Cypriano et Ludwig avaient déjà fait choix d’un emplacement. (Page 45.)


Au lieu de se rendre directement vers les rhéas, il suivit l’avis du gaucho, et s’en approcha par une grande ligne courbe à laquelle le bord de l’estero servait de corde.

Lorsqu’il fut arrivé à se placer entre le gibier et le marais, il avança avec autant de prudence, mais en manœuvrant davantage, s’arrêtant parfois pour secouer ses ailes blanches, projetant son bec en l’air comme s’il avalait un poisson ou un reptile, et se remettant en mouvement comme pour en chercher un autre.

La confiance des rhéas n’avait rien d’étonnant. Des animaux beaucoup plus intelligents, l’aigle-cerf des pampas, le puma, le jaguar, sont souvent trompés par les garzonéadores.

Ils ne commencèrent à se douter de quelque chose que lorsque la fausse grue fut tout près d’eux. Ils cessèrent subitement de brouter, redressèrent ensemble leurs longs cous et jetèrent un cri rauque moitié interrogatif, moitié inquiet.

La femelle, comme cela arrive presque toujours, se montra la plus prompte et la plus rusée, peut-être aussi la plus peureuse. Au moment où elle poussait son cri, elle battit en retraite de quelques pas, laissant son compagnon seul en face du danger. Celui-ci exécuta une démonstration hostile, analogue à celle d’une oie qu’on agace ; il tendit le cou, mais cette fière attitude ne lui servit à rien : on entendit un sifflement, et avant qu’il pût jouer