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PRÉFACE

Parmi les conteurs qui, depuis un demi-siècle environ, se sont donne la mission d’écrire pour la jeunesse, Mayne-Reid est un des premiers et des plus remarquables. C’est lui qui, avec un rare coup d’œil, comprit que le temps des fadeurs littéraires était passe, et qu’a une jeunesse curieuse de lecture, il fallait des aliments intellectuels différents de ceux qui lui avaient été jusqu’alors distribués.

Les Anglais ont des possessions dans toutes les parties du monde, et leur langue est de beaucoup la plus répandue de toutes, puisque, en dehors de l’empire colonial, elle est celle de cinquante millions d’Américains des États-Unis. Leurs enfants, sinon tous, la plupart d’entre eux, sont destinés à faire leur carrière ou leur fortune en dehors de la mère-patrie. C’est ce qui a porte Mayne-Reid a penser que, dès leur plus jeune age, il n’était pas inutile, bien au contraire, de les initier aux coutumes, aux mœurs de toutes les régions sur lesquelles l’Angleterre étend sa domination, de les leur faire connaître d’une façon agréable, c’est-à-dire indépendamment de toute prétention scientifique et didactique, dans leur configuration, leur orographie, leurs produits, leur industrie propre, et surtout dans leurs faunes et leurs flores particulières.

À ces divers points de vue, rien n’est mieux compris que l’ample série de ses ouvrages, si connus sous le titre collectif d’Aventures de Terre et de Mer. Ce fut une complète révolution dans la littérature de la jeunesse, ou, si l’on veut, une évolution, et il était indiqué qu’un éditeur aussi perspicace que J. Hetzel, doublé d’un écrivain aussi distingué que P.-J. Stahl, songeât à transporter chez nous, en les adaptant plutôt qu’en les traduisant, des œuvres de valeur vraiment propres à être appréciées par le jeune public français, — un public qui n’existait pas alors, mais que l’éditeur suscita.

Dans les livres de Mayne-Reid on ne trouve, en effet, rien d’abstrait, rien qui puisse fatiguer l’attention, surtout dans les adaptations telles que les a comprises J. Hetzel, et telles qu’elles ont été exécutées, ou par lui-même, ou sous son impeccable direction. Le jeune public anglais n’est pas rebuté par des longueurs qui fatiguent le notre, par des digressions, souvent interminables et qui nuisent à l’action, selon notre manière de voir. Mais, à travers ces longueurs, que de choses charmantes et instructives à la fois, dont les plus hardies ne sauraient froisser aucune susceptibilité.

Il était absolument impossible qu’un homme qui s’assignait pour but d’instruire la jeunesse, en l’amusant, ne fut pas attiré par ces récits, tres répandus de l’autre cote du détroit, et qui, grâce a lui, ont conquis, chez nous, une vogue presque aussi éclatante et également durable.

Les ouvrages de Mayne-Reid sont très nombreux ; si nous ne nous trompons, on n’en compte pas loin de soixante, diversement intéressants. Il fallait opérer une sélection dans cet immense bagage, et, en outre, ré-