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suprême, je me cramponnai plus que jamais au poteau, et peut-être aurais-je pu m’y maintenir jusqu’au matin, sans un accident qui vint aggraver le péril.

Le jour avait disparu, et, comme si la nuit eût donné le signal de ma destruction, le vent redoubla, les nuages se heurtèrent avec fureur, la pluie tomba par torrents, les vagues se soulevèrent avec une nouvelle puissance et faillirent m’entraîner.

Mon effroi était à son comble ; je ne pouvais plus tenir contre les lames.

À demi entraîné par les flots, j’avais perdu pied tout à fait. Je voulus reprendre ma place sur le tas de pierres, ce qui était indispensable. Afin d’y parvenir, je me soulevai à l’aide de mes bras, et je cherchais du bout de mon soulier à me replacer sur le cairn, lorsqu’une vague détacha mes jambes du poteau. Quand elle eut passé, après m’avoir soutenu horizontalement, je cherchai de nouveau ma pile ; j’en touchai les galets ; mais au moment où j’y posais les pieds, je la sentis crouler sous moi comme si elle avait fondu tout à coup ; et, ne pouvant plus me soutenir, je suivis dans les flots mon support dont les débris s’y étaient éparpillés.