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perdis pied sur le roc, et c’est moitié à gué, moitié à la nage, que je transportai mon dernier galet ; dès qu’il fut à sa place, je me hissai bien vite sur la pile que je venais d’ériger, et me serrant contre le poteau que j’embrassai avec force, je regardai, en tremblant, la marée qui continuait à grandir.



CHAPITRE XI

Marée montante


Ce serait un mensonge de laisser croire que je contemplais ce spectacle avec confiance ; bien au contraire, j’étais rempli de frayeur. Si j’avais eu le temps d’achever mon cairn, et surtout le moyen de lui donner plus de solidité, mes appréhensions auraient été moins vives. Je n’avais pas d’inquiétude à l’égard du poteau ; depuis que j’étais au monde, je lui avais vu braver la tempête ; mais mon tas de pierres serait-il assez fort pour résister aux vagues ? Quant à sa hauteur, il ne s’en fallait que de trente centimètres qu’il atteignît la ligne blanche. C’était peu de chose, et il m’était indifférent d’avoir