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la ligne d’étiage, qu’elle eût encore plus de cinquante centimètres, et je poursuivis mon travail avec une ferveur que rien ne décourageait.

Malheureusement plus la besogne avançait, plus elle était difficile, j’avais employé toutes les pierres qui se trouvaient près du poteau ; il fallait aller beaucoup plus loin pour s’en procurer d’autres ; cela me prenait du temps, occasionnait de nouvelles chutes, qui me retardaient encore ; puis j’avais bien plus de peine à me décharger de mes pierres, à présent que ma pyramide était aussi haute que moi ; la pose de chacune d’elles exigeait plusieurs minutes, et quand j’avais réussi à mettre mon galet à sa place, il arrivait souvent qu’il perdait l’équilibre, et roulait jusqu’en bas, en menaçant de m’écraser.

Après deux heures de travail, j’arrivai au terme de mon ouvrage ; non pas que je l’eusse fini ; mais la marée venait l’interrompre ; la marée, qui après avoir atteint le niveau du récif, en avait immédiatement couvert toute la surface.

Il était cependant impossible de renoncer à ma dernière chance de salut ; j’avais de l’eau jusqu’aux genoux, il me fallait plonger pour détacher les pierres que je portais à ma pile. L’écume salée me fouettait le visage, de grandes lames s’élevaient au-dessus de ma tête, et m’enveloppaient tout entier ; mais je travaillais toujours.

La mer devint si profonde et si violente que je