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L’un ou l’autre s’abattait sur moi jusqu’à m’effleurer les mains, et ne s’éloignait que pour revenir l’instant d’après en criant d’une façon qui redoublait mon agonie. Je commençais à craindre que ces oiseaux sauvages n’en vinssent à m’attaquer ; mais je suppose que j’éveillais plutôt leur curiosité que leur appétit vorace.

J’avais beau réfléchir ; je ne voyais pas autre chose à faire que de m’asseoir ou de rester debout, si je l’aimais mieux, en attendant qu’on vînt à mon secours.

Mais quand y viendrait-on ? Ce serait le plus grand des hasards si quelqu’un tournait les yeux dans la direction du récif. À l’œil nu personne ne pouvait m’y découvrir. Deux bateliers, Henry Blou et un autre, avaient bien un télescope, mais ce n’était que rarement qu’ils en faisaient usage ; et en supposant qu’ils s’en servissent, il était fort douteux qu’ils prissent l’écueil pour point de mire. Aucun bateau ne venait jamais de ce côté, et les navires qui se dirigeaient vers le port ou qui en sortaient, passaient au large pour éviter le récif. J’avais bien peu de chances d’être aperçu du rivage ; peut-être moins encore de voir passer un bateau assez près de moi pour que je pusse m’y faire entendre.

C’est avec une tristesse indicible que j’allai m’asseoir sur un quartier de roche, en attendant le sort qui m’était réservé.