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pas plus heureuse ; en me cramponnant au canot pour faire mon escalade, je perdis l’équilibre, et tirai tellement à moi, que l’esquif chavira de nouveau et se retrouva la face en l’air. J’en fus d’abord satisfait ; pourtant ma joie ne devait pas être de longue durée ; la barque en se retournant avait puisé beaucoup d’eau : il est vrai que ce lest imprévu me donna le moyen d’entrer sain et sauf dans l’esquif, devenu assez lourd pour rester sur sa quille ; mais à peine y étais-je entré que je sentis le canot s’enfoncer peu à peu sous le poids que j’ajoutais à celui du liquide ; j’aurais dû me replonger dans la mer, afin d’empêcher le bateau de couler à fond ; mais j’avais presque perdu la tête ; je restai dans la barque, l’eau me montait jusqu’aux genoux, je pensai à vider le bateau ; mais le poêlon qui me servait d’écope, avait disparu en même temps que les rames, qui flottaient à une assez grande distance.

Dans mon désespoir je mis à rejeter l’eau avec mes mains, c’était bien inutile : à peine avais-je puisé cinq ou six fois que le bateau coula tout à fait ; je n’eus que le temps de sauter à la mer, et de m’éloigner pour échapper au tourbillon que le canot produisit en sombrant.

Je jetai un regard sur l’endroit où il avait disparu, et je me dirigeai vers le récif qui était mon seul refuge.