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pour s’assurer de sa proie, l’écume des flots qui l’environne, cet éclair qui disparaît au sein des vagues, et le retour subit de l’oiseau blanc à la surface de l’eau transparente et bleue, sont d’une beauté incomparable. Jamais l’homme, dans ses heures d’invention les plus heureuses, ne produira de spectacle plus agréable à contempler.

Après avoir regardé les mouettes, et déjà très-satisfait du résultat de mon excursion, je repris mes rames afin d’atteindre mon but et de réaliser mon rêve en abordant au récif.

Lorsque je fus près de la rive, les oiseaux s’envolèrent ; mais sans paraître me redouter, car ils restèrent au-dessus de ma tête, où ils décrivirent leurs évolutions aériennes à une si faible distance que j’aurais presque pu les frapper avec mes rames.

L’un d’eux, qui me semblait être le plus gros de la bande, avait été, pendant tout le temps, au sommet de la perche qui surmontait le récif et qui servait de signal. Peut-être m’avait-il paru plus grand parce qu’il était plus en vue ; mais j’observai qu’avant le départ de ses camarades, il s’était envolé en jetant un cri perçant comme pour ordonner aux autres de suivre son exemple. Il servait apparemment de vigie ou de chef à toute la bande. J’avais déjà vu pratiquer cette tactique par les corneilles, lorsqu’elles sont en train de piller un champ de fèves ou de pommes de terre.