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le moins de bruit possible et de plonger mes rames dans l’eau avec autant de précaution qu’un chat, guettant une souris, pose les pattes sur le plancher.

Après avoir fait de la sorte environ six cents mètres, je m’arrêtai une seconde fois et retournai de nouveau la tête. Les oiseaux ne paraissaient point alarmés. Je savais que les mouettes sont pourtant assez farouches ; mais elles connaissent parfaitement la portée d’une arme de chasse, et ne quittent l’endroit où elles sont posées qu’au moment où le plomb du chasseur peut arriver jusqu’à elles. Ensuite les miennes voyaient fort bien que je n’avais pas de fusil et qu’elles n’avaient rien à craindre. Ainsi que les pies et les corbeaux, elles distinguent à merveille un bâton d’une arme à feu, dont l’emploi meurtrier leur est parfaitement connu.

Je les regardai pendant longtemps, sans me lasser du spectacle qu’elles m’offraient ; et s’il m’avait fallu repartir immédiatement pour la côte, je me serais cru suffisamment récompensé de la peine que j’avais prise.

Comme je l’ai dit dans une des pages précédentes, il y avait parmi cette bande ailée des oiseaux de plusieurs genres. Tous ceux qui étaient groupés sur les pierres étaient bien des mouettes, mais de deux espèces différentes : les unes avaient la tête noire et les ailes grises, tandis que les autres étaient presque entièrement d’un blanc pur ; leur taille différait