Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée

les autres ; et quelquefois il se mêlait à ces mouettes des oiseaux d’un autre genre, tels que des grèbes et des sternes, ou grandes hirondelles de mer. Du moins je le supposais, car du rivage, il était difficile de déterminer à quelle espèce ils pouvaient appartenir. À cette distance, les plus grands d’entre eux paraissaient à peine excéder la taille d’un moineau, et s’ils avaient été seuls, ou s’ils ne s’étaient pas envolés, personne, en se promenant sur la côte, n’aurait remarqué leur présence.

Ces oiseaux prêtaient donc pour moi un intérêt puissant aux rochers qui leur servaient de rendez-vous. J’ai toujours eu, dès ma plus tendre jeunesse, un penchant très-marqué pour l’histoire naturelle ; c’est un goût qui est partagé par la plupart des enfants. Il peut exister des sciences plus importantes, plus utiles au genre humain[1] que l’étude de la nature, il n’y en a pas de plus séduisante pour la jeunesse et qui réponde mieux à son activité physique et morale.

L’amour des oiseaux d’une part, la curiosité de l’autre, m’inspiraient le plus vif désir d’aller visiter l’îlot. Mes regards ne se tournaient jamais dans

  1. Beaucoup d’utilitaires ont l’habitude de considérer l’histoire naturelle comme une science d’agrément, propre à satisfaire une curiosité qui n’a rien de répréhensible, mais qui ne peut conduire à aucun résultat. Pourtant, si l’on y réfléchit, on voit que cette prétendue science de luxe embrasse tout ce qui nous alimente, nous désaltère et nous abrite ; tout ce qui forme nos vêtements et nos parures, la matière de nos armes, de nos ustensiles, de nos instruments, de nos meubles, tout enfin jusqu’aux mystères de la vie, et l’on ne dit plus : « à quoi bon ? » lorsqu’il s’agit d’étudier un métal, une plante ou un insecte. (Note du traducteur.)