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turbots, des masses de petits harengs, des maquereaux à la robe bleue et changeante, et d’énormes congres de la taille du boa, qui tous étaient en quête de leurs proies respectives.

Il est rare que sur nos côtes la mer soit aussi calme ; et cette belle journée paraissait faite pour moi ; car, ayant l’intention, comme je l’ai dit plus haut, de faire une assez grande course, je ne pouvais espérer un temps plus favorable.

« À quel endroit vouliez-vous donc aller ? » me demandez-vous. C’est justement ce que je vais vous dire.

À peu près à trois milles[1] de la côte, où, s’apercevant du rivage, se trouvait une île excessivement curieuse. Quand je dis une île, ce n’était pas même un îlot ; mais un amas de rochers d’une étendue fort restreinte, et qui dépassaient à peine la surface de la mer ; encore fallait-il que la marée fût basse ; car autrement les vagues en couvraient le point le plus élevé. On n’apercevait alors qu’une perche se dressant au-dessus de l’eau à une faible hauteur, et que surmontait une espèce de boule, ou plutôt de masse oblongue dont je ne m’expliquais pas la forme. Cette perche avait été plantée là pour désigner l’écueil aux petits navires qui fréquentaient nos parages, et qui sans cela auraient pu se briser sur le récif.

  1. Le mille anglais a seize cent neuf mètres.