Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/370

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’un des premiers voyages que je fis à cette époque fut celui du Pérou ; et je n’oubliai pas d’emporter une caisse de modes pour les Européennes de Callao et de Lima. Elle arriva saine et sauve, et nul doute que son contenu n’ait enchanté les belles créoles qu’il était destiné à ravir.

Les chapeaux écrasés étaient payés depuis longtemps, ainsi que l’eau-de-vie répandue, et les dommages causés aux pièces de drap et de velours. Après tout, la somme que j’eus à débourser ne fut pas très-considérable ; les propriétaires des marchandises, qui tous étaient des hommes généreux, prenant en considération les circonstances où les dégâts avaient été commis, se montrèrent faciles avec le capitaine, qui à son tour me fit des conditions très-douces. Quelques années suffirent pour régler tous mes comptes, ou, dans la langue des matelots, pour brasser carrément les vergues.

J’ai longtemps navigué depuis lors ; mais quand après quelques opérations fructueuses, et beaucoup d’ordre, je me suis trouvé de quoi vivre pour le reste de mes jours, j’ai commencé à me fatiguer de la tempête et à soupirer après une existence plus calme. Ce désir devint de plus en plus fort ; et finissant par ne pas pouvoir lui résister, je résolus de terminer la lutte, et de jeter l’ancre une dernière fois à la côte.

Pour réaliser ce dessein, je vendis mon brick,