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pas chancelants ; celui qui me donnait cet appui, c’était le capitaine en personne. Il n’était pas probable qu’il voulût ensuite me faire jeter aux requins ; était-il possible que tout cela finit par un entier pardon ? Mais il ne savait pas les dégâts que j’avais commis.

En entrant dans la chambre mes regards tombèrent sur un miroir ; je ne me serais pas reconnu ; j’étais tout blanc, comme si on m’eût passé à la chaux ; toutefois je me rappelai la farine ; quant à ma figure, elle était aussi blanche que mes habits, et décharnée comme la face d’un squelette. L’absence de lumière et d’espace, les privations et les tortures morales avaient fait de grands ravages dans ma chair.

Le capitaine me fit asseoir, appela son intendant, et dit à celui-ci de me donner un verre de porto. Il garda le silence tant que je n’eus pas fini de boire ; lorsque j’eus avalé ma dernière goutte, il prit la parole, en tournant vers moi une figure qui n’avait rien de sévère, et me dit qu’il fallait tout lui raconter.

C’était une longue histoire ; cependant je ne lui cachai ni les motifs qui m’avaient poussé à fuir de chez mon oncle, ni les dommages que j’avais causés à la cargaison. Il en connaissait une partie, car plus d’un matelot avait déjà visité ma cellule, et fait le rapport de ce qu’il avait trouvé.