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— Ce petit épissoir qui voulait être marin ? cria la foule avec ensemble.

— Lui-même, pour le sûr.

— Oui, répliquai-je : c’est bien moi. »

Une autre volée de phrases exclamatives suivit cette déclaration, puis il y eut un instant de silence.

« Où est le capitaine ? demandai-je.

— Tu veux lui parler ? me dit Waters, à qui je m’étais adressé ; le voilà justement, » ajouta le bon matelot en étendant le bras pour écarter la foule.

Je jetai les yeux du côté où le cercle s’était ouvert, et j’aperçus le monsieur, dont le costume m’avait déjà fait reconnaître le grade. Il était devant la porte de sa cabine à peu de distance de l’endroit où je me trouvais moi-même. Sa figure était sérieuse, mais elle ne m’effraya pas, il me sembla qu’il se laisserait toucher.

J’eus encore un instant d’hésitation ; puis, appelant tout mon courage à mon aide, je me dirigeai vers le capitaine en chancelant, et m’agenouillai devant lui.

« Oh ! monsieur ! m’écriai-je, vous ne pourrez jamais me pardonner. »

Il me fut impossible de trouver autre chose à dire, et, les yeux baissés, j’attendis ma sentence.

« Allons, mon enfant, dit une voix pleine de douceur, relève-toi, et viens dans ma cabine. »

Une main avait pris la mienne et soutenait mes