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la fin de mon travail, j’allais recueillir le prix de mes efforts, et ne pouvais m’arrêter au seuil de la délivrance. Plus on est près du but, plus on est impatient de l’atteindre ; et je me hâtai d’arracher le reste du dessus de la caisse de modes, où je me trouvais encore.

Puisque cette clarté m’arrivait, j’étais donc au dernier étage de la cargaison ; puisqu’elle me venait obliquement, c’est qu’il n’y avait rien entre elle et moi. L’espace qu’elle traversait ne pouvait être qu’au-dessus des caisses et des ballots ; rien ne devait le remplir.

Cette conjecture fut bientôt vérifiée. Je sortis de ma case, j’étendis les bras dans tous les sens et ne rencontrai que le vide. Assis au bord de la caisse, j’y restai quelque temps, n’osant pas m’aventurer dans l’espace qui était devant moi, de peur de trouver sous mes pas quelque abîme, et de ne m’en apercevoir qu’en y tombant.

Je regardais la clarté qui me servait de phare, et dont je m’étais rapproché. Mes yeux s’habituaient à la lumière, et malgré la faiblesse du rayon qui m’éclairait, je finis par distinguer tous les objets qu’il y avait autour de moi. Je vis bientôt que le vide au lieu de régner sur toute la cargaison, ainsi que je l’avais cru, ne s’étendait qu’à peu de distance de ma caisse. C’était un creux circulaire, une sorte d’amphithéâtre fermé de tous côtés par les