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Je trouvai bien un gîte ; hélas ! qu’il était différent de l’intérieur auquel on m’avait habitué ! Il fallut aller chez mon oncle. C’était le frère de ma mère, et cependant il n’avait rien des sentiments de sa sœur. D’un caractère morose, il était brutal, grossier dans ses habitudes, et me traita comme le dernier de ses domestiques, dont je partageai le travail.

Malgré mon âge et le besoin que j’avais de m’instruire, on ne m’envoya plus à l’école. Mon oncle était cultivateur, et me trouva bientôt de la besogne ; tant et si bien qu’à soigner les moutons, à conduire les chevaux, à courir après les cochons et les vaches, à faire mille autres choses de cette espèce, j’étais occupé depuis le lever du soleil jusqu’à la fin du jour. Par bonheur, on se reposait le dimanche : non pas que mon oncle fût religieux le moins du monde, mais personne dans la paroisse ne travaillait le jour du sabbat ; c’était la coutume, et il fallait bien se soumettre à la loi générale ; sans cela, on aurait travaillé le dimanche à la ferme, tout comme à l’ordinaire.

Mon oncle, ayant fort peu de religion, ne m’envoyait pas à l’église, et j’étais libre d’employer le jour du Seigneur suivant mon bon plaisir. Vous pensez bien que je ne m’amusais pas à rester dans les champs ; la mer, qui s’étendait à l’horizon, avait bien plus d’attrait pour moi que les nids d’oiseaux, les haies et les fossés ; et dès que je pouvais m’échapper,