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Quelques heures d’un profond sommeil réparèrent mes forces ; un nouveau plat de bouillie fut avalé prestement, et je revins à mon tunnel.

En arrivant au second étage, c’est-à-dire à la seconde caisse, je fus surpris de trouver sur toutes les planches une couche épaisse de poussière. Dans la logette, à côté du piano, cette couche était si forte que j’y enfonçais jusqu’à la cheville ; quelque chose me tombait sur les épaules ; je levai la tête, un nuage de poudre m’entra dans la bouche, dans les yeux et me fit tousser, éternuer, pleurer de la façon la plus violente. Mon premier mouvement fut de battre en retraite, pour me réfugier au fond de ma cellule ; mais je n’eus pas besoin d’aller jusque-là ; une fois dans l’ancienne boîte aux biscuits, je fus à l’abri de cette ondée pulvérulente, et je respirai librement.

Il était facile de s’expliquer ce phénomène : le mouvement du vaisseau avait fait tomber les chiffons qui bouchaient l’ouverture du sac ; et c’était ma farine que j’avais prise pour de la poussière.

La perte pouvait être considérable ; dans tous les cas il fallait refermer le sac. Malgré la peur que j’avais d’une nouvelle suffocation, je n’hésitai pas à escalader mon tunnel ; et fermant la bouche et les yeux, je fus bientôt dans l’ancienne caisse de modes.

Mais il me sembla qu’il ne tombait plus de farine.