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Avec quoi, cependant, attacher cette lame et la fixer au manche, si ce n’est avec de la ficelle, quand on n’a pas autre chose ? Je me le demandais comme vous. Un bout de fil d’archal aurait bien fait mon affaire ; mais il fallait en avoir, et je n’en possédais pas. Quelle sottise ! et les cordes du piano !

Je me retournai vers l’instrument, qui absorba de nouveau mon attention. S’il avait été ouvert, j’y aurais pris, sans retard, le fil de métal dont j’avais besoin ; mais il fallait l’ouvrir, et c’était là le difficile ; je n’y avais pas songé. Même avec un bon couteau parfaitement emmanché, il n’est pas sûr que j’y fusse parvenu ; avec une lame pure et simple, il ne fallait pas y penser, et j’abandonnai mon expédient.

Il fut bientôt remplacé par un autre ; les bandes de fer, qui reliaient entre elles les différentes parties des caisses, pouvaient parfaitement me servir ; elles étaient souples et minces, et deux ou trois tours de ces bandelettes feraient une excellente virole ; je maintiendrais celle-ci au moyen d’une ficelle, qui, cette fois, se trouverait bien suffisante.

La chose se fit comme je viens de vous le dire, et mon couteau fut restauré. La lame en était un peu plus courte, mais ce n’était pas un inconvénient pour ce que j’en voulais faire, et cette pensée mit le comble à ma satisfaction.

Il y avait alors près de vingt heures que j’étais