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CHAPITRE LVIII

Détour


La certitude que je venais d’acquérir était loin d’être encourageante : ce piano m’opposait une barrière peut-être insurmontable ; je ne pouvais pas le traverser comme une planche de sapin. C’était assurément le plus grand de tous les pianos ; quelle différence avec celui que je vois encore dans notre petit parloir, et sur lequel ma mère exécutait cette bonne musique ! Il était posé de champ, et me présentait son couvercle de palissandre, où je ne découvrais pas le moindre petit trou, la plus légère fissure.

Jamais la lame de mon couteau ne parviendrait à mordre sur cette boîte glissante, dont le poli augmentait la dureté.

Quand, d’ailleurs, je serais parvenu à faire une trouée dans le couvercle, soit en le coupant, soit en le défonçant, ce qui, avec de la persévérance, n’eût pas été impraticable, où cela m’aurait-il conduit ?