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à taxer ? En prenant la longueur de la quille, la largeur des baux[1] et la profondeur de la cale ; multipliez ces trois termes l’un par l’autre, et le total vous donnera la capacité des navires, si toutefois les proportions de ces navire sont exactes.

L’impôt fut établi sur ces bases, la loi fut votée, et si vous avez l’esprit superficiel, vous pensez qu’elle était juste, et ne pouvait être fâcheuse que pour la bourse des gens qui devaient payer la taxe.

Détrompez-vous ; cette loi si simple et si juste en apparence a causé plus de perte de temps et d’hommes, gaspillé plus de richesses qu’il n’en faudrait aujourd’hui pour racheter tous les esclaves de la terre.

« Comment cela ? » demandez-vous avec surprise.

Non-seulement cette loi innocente retarda les progrès de la construction navale, l’un des arts les plus importants qui existent, mais elle le fit rétrograder de plusieurs siècles. Le propriétaire d’un bâtiment, ou celui qui voulait le devenir, ne pouvant pas éviter la taxe, chercha par tous les moyens à la réduire le plus possible ; car la fraude est le premier résultat des charges trop lourdes, et n’en est pas le moins triste. Il alla trouver le constructeur, lui commanda

  1. On appelle baux les solives qui traversent le navire d’un flanc à l’autre, et qui servent à soutenir les tillacs et à rendre le bordage plus ferme.