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foule se pressait dans mon sac pour partager le festin ; les convives se heurtaient, se bousculaient pour passer l’un devant l’autre, et se querellaient bruyamment.

C’était le moment d’agir ; le sac était plein ; j’en serrai la coulisse et rebouchai bien le passage.

Aucun des rats qui étaient dans le piége n’avait pu s’échapper. Sans perdre de temps, j’écartai l’étoffe qui tapissait ma cabine, je posai mon sac par terre, à un endroit où le chêne était parfaitement uni, puis, appliquant sur le sac un morceau de l’une des caisses défoncées, je me mis à genou sur cette planche, et y pesai de tout mon poids et de toute ma force.

Pendant quelques minutes le sac m’opposa une vive résistance ; les rats, mordant, criant et se débattant, se démenaient avec furie et vigueur. Je ne m’arrêtai pas à ces démonstrations, et continuai de frapper et de presser jusqu’à ce que toute cette masse grouillante fût immobile et silencieuse.

Je me hasardai alors à prendre le sac et à en examiner le contenu. J’avais lieu d’être satisfait ; la prise était bonne ; le nombre des rats paraissait considérable, et chacun d’eux était mort ; je le pensai du moins, car le piége ne tressaillait même pas.

Malgré cela je n’y fourrai la main qu’avec une extrême précaution, et ne retirai mes rats que l’un