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elle ne m’avait point encore frappé ; je ne puis expliquer le fait que par le trouble où j’étais depuis longtemps.

Il devait y avoir au-dessus de ma tête bien des colis entassés les uns sur les autres ; la cale en était pleine, et je me trouvais presque au fond. L’arrimage avait continué pendant deux jours, à dater du moment où je m’étais glissé dans le vaisseau ; toute la cargaison était donc au-dessus du vide qui m’avait permis de descendre. Peut-être y avait-il dix ou douze caisses à franchir avant d’arriver à la dernière ? « Eh bien ! me dis-je, il suffirait d’en traverser une par vingt-quatre heures pour gagner le faîte en dix jours.

« Quelle bonne idée, si elle m’était venue plus tôt ! j’aurais eu le temps de la mettre à exécution ; mais il est trop tard. Si je l’avais eue tout d’abord, quand la caisse était pleine de biscuit, je serais sauvé actuellement. » Et des regrets amers se joignaient à mon désespoir.

Impossible néanmoins de renoncer à cette idée : c’était la vie, la liberté, la lumière. J’y songeais malgré moi ; et n’écoutant pas mes regrets, j’envisageai le nouveau plan qui s’offrait à mon esprit.

Des vivres pour quelques jours, et le succès était certain ! mais ils me manquaient d’une manière absolue ; je n’aurais pas escaladé le premier échelon