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de leur survivre : à quoi bon prolonger la lutte ? Je ne pouvais séjourner dans la futaille qu’un instant, n’y rentrer qu’après un long intervalle ; le bois était dur, mon outil ne coupait plus ; combien de jours me faudrait-il pour pratiquer une ouverture suffisante ? et les heures m’étaient comptées ?

Si j’avais pu m’ouvrir cette futaille, espérer de la franchir, le courage ne m’aurait pas abandonné ; mais c’était impossible ; et quand j’y serais parvenu, j’avais dix chances contre une d’arriver à autre chose qu’à un aliment quelconque.

Le seul bénéfice que m’eût donné la peine que j’avais prise à l’égard de cette futaille, c’est qu’en la défonçant j’avais gagné de l’espace. Quel dommage de ne pas pouvoir la traverser ! En supposant qu’il y eût au-dessus d’elle une caisse d’étoffe, j’aurais pu vider celle ci comme j’avais fait la première, et m’avancer d’un degré.

Cette réflexion, qui me paraissait oiseuse, et que je faisais en désespoir de cause, me fit envisager la situation sous un nouvel aspect : m’avancer d’un degré ; c’est à cela que tous mes efforts devaient tendre. Au lieu de m’escrimer inutilement contre ces douelles de chêne, pourquoi ne pas traverser les caisses de sapin, dont le bois ne m’opposait qu’un faible obstacle, les déblayer successivement, gravir de l’une à l’autre, et arriver sur le pont ?

L’idée était neuve. Si étrange que cela paraisse,