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influence surnaturelle eût rendu à mon esprit toute sa vigueur. Était-ce une inspiration divine qui m’engageait à persévérer ? Malgré l’amertume de mes déceptions, j’avais supporté le malheur sans murmurer, et ne m’étais pas révolté contre Dieu.

Je priai de nouveau le Seigneur de bénir mes efforts, et me confiai en sa miséricorde. Je suis persuadé que c’est à ce sentiment que je dois ma délivrance ; car c’est lui qui m’empêcha de me livrer au désespoir, et qui me donna la force de poursuivre ma tâche. J’avais donc l’esprit plus léger, sans pouvoir l’attribuer à autre chose qu’à une influence céleste. Rien n’était changé autour de moi, si ce n’est que ma faim était plus vive, et mon espérance moins fondée.

Je ne pouvais pas pénétrer au delà de cette nouvelle caisse d’étoffe, puisque je n’avais pas de place pour en loger le contenu. Il y avait bien encore deux directions que je n’avais pas tenté de prendre : l’une était fermée par la futaille d’eau douce, l’autre conduisait aux flancs du navire. Pouvais-je traverser ma barrique sans perdre l’eau qu’elle renfermait ? J’eus un instant la pensée d’y faire un trou dans la partie supérieure, de me hisser par ce trou, et d’en faire un second de l’autre côté ; mais j’abandonnai ce projet avant de l’avoir terminé : une ouverture assez grande pour que je pusse m’y introduire causerait la perte du liquide ; un coup de