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Mon engourdissement léthargique fut bientôt dissipé, et je retrouvai toutes mes terreurs ; cette fois l’attaque m’était bien personnelle, et avait eu lieu sans provocation aucune. Au brusque mouvement que j’avais fait, l’agresseur s’était sauvé ; mais il reviendrait, cela ne faisait pas le moindre doute.

Plus de sommeil ; il fallait se mettre sur ses gardes, et recommencer la lutte. Bien que l’espoir de sortir de mon cachot fût bien faible à présent, je me révoltais à la seule pensée d’être dévoré tout vif ; je devais mourir de faim, c’était affreux ; mais cela m’effrayait moins que d’être mangé par les rats.

La caisse où je me trouvais alors était assez grande pour que je pusse y dormir, et j’avais un tel besoin de repos que je fus obligé de faire un grand effort pour la quitter. Mais l’intérieur de ma cabine était plus sûr, je pouvais m’y barricader plus aisément, et j’y avais moins à craindre mes odieux adversaires. Je ramassai mon couteau, le paquet où était mon biscuit, et je retournai dans ma cellule.

Elle était devenue bien étroite, j’avais été contraint d’y placer l’étoffe qui se trouvait dans la caisse, et j’eus de la peine à m’y loger avec mes miettes. Ce n’était plus une cabine, c’était un nid.

Les pièces de drap, empilées contre les tonnes d’eau et de liqueur, me défendaient parfaitement de ce côté ; il ne restait plus qu’à fortifier l’autre bout comme il l’était auparavant. La chose faite, je mangeai