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coups de pied devaient donc être inutiles. Lorsque j’en eus la certitude, je me décidai à reprendre mon couteau.

J’avais l’intention de couper l’une des planches à l’un de ses bouts, de manière à la détacher en cognant dessus, et à n’avoir pas besoin de la trancher en deux endroits.

Le bois n’était pas dur, c’était simplement du sapin ; et je l’aurais facilement coupé, même en travers, si j’avais été dans une meilleure position. Mais j’étais pressé de toutes parts, gêné dans tous mes mouvements ; outre la fatigue et le peu de force que j’avais dans une pareille attitude, le pouce de ma main droite, que le rat avait mordu, me faisait toujours beaucoup de mal. L’inquiétude la frayeur et l’insomnie m’avaient donné la fièvre, et ma blessure, au lieu de guérir, s’était vivement enflammée : d’autant plus que j’avais été condamné à un travail perpétuel pour me défendre, et que ne sachant pas me servir de la main gauche, il avait fallu employer la main malade, en dépit de la douleur.

Il en résulta que je mis un temps énorme à couper une planche de vingt-cinq centimètres de largeur sur deux et demi d’épaisseur. Je finis cependant par réussir, et j’eus la satisfaction, en m’appuyant contre cette planche, de sentir qu’elle cédait sous mes efforts.