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biscuit, et cela en quelques minutes. J’étais venu dans ce coin-là un instant auparavant ; j’avais touché le précieux ballot, et ne m’étais aperçu de rien.

Cette découverte fut accablante ; je ne pouvais pas m’éloigner de mes provisions sans m’attendre à ne plus rien trouver ensuite.

Depuis que je les avais retirés de la caisse, mes reliefs de biscuits étaient diminués de moitié ; j’en avais alors pour dix jours, douze au plus, en comptant la chapelure que j’avais soigneusement recueillie ; il n’y en avait pas assez maintenant pour aller au bout de la semaine.

Ma position devenait de plus en plus critique ; néanmoins, je ne cédai pas au désespoir ; plus le terme fatal se rapprochait, plus il fallait se hâter de découvrir d’autres vivres ; et je me remis à travailler avec un redoublement d’ardeur.

Quant au moyen de conserver le peu de débris que j’avais encore, il n’y en avait pas d’autre que de les prendre avec moi, et de ne pas les quitter d’un instant. J’aurais pu augmenter l’épaisseur de l’enveloppe, en multipliant les tours d’étoffe ; à quoi bon ? les rats seraient toujours parvenus à la ronger, ils y auraient mis plus de temps ; mais en fin de compte le résultat aurait été le même.

Je fermai le trou qu’ils venaient de faire, et je déposai mon ballot de miettes dans la caisse ou je