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même motif rendait la coupe du bois extrêmement difficile.

J’eus alors une idée qui me parut excellente, mais dont les conséquences devaient être désastreuses ; ce fut de couper les liens qui attachaient la pièce, de prendre l’étoffe par un bout, et de la faire sortir en la déroulant. Je réussis, comme je m’y attendais, à déblayer le passage ; mais il avait fallu consacrer plus de deux heures à cette opération, encore n’avais-je pas terminé, lorsqu’un événement des plus sérieux me força d’interrompre mon travail. Comme je rentrais dans ma cabine, les deux bras chargés d’étoffe, j’y trouvai quinze ou vingt rats qui avaient profité de mon absence pour en prendre possession.

Je laissai tomber le drap que je portais, et me mis à chasser les intrus, que je parvins à renvoyer ; mais, ainsi que je l’avais auguré de leur présence, mes quelques miettes de biscuit avaient encore diminué. Si je n’avais pas été contraint d’apporter l’étoffe dans ma cellule, et que j’eusse continué ma besogne jusqu’à la dernière pièce de drap, je n’aurais plus rien trouvé.

La nouvelle part que les rats avaient prise, était peu considérable ; toutefois, dans ma position, la chose était fort grave, et je déplorai ma négligence à l’égard de ces reliefs qui m’étaient si précieux ; il fallait au moins sauver les derniers débris qui me