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différent d’envisager un fait au milieu des circonstances ordinaires, ou sous l’empire d’un danger qui vous menace de mort, quand surtout le fait en question est le seul moyen de vous sauver. Les essais les plus téméraires paraissent alors tout naturels.

C’est de ce point de vue que j’examinais l’opération que j’allais tenter et les efforts qu’elle exigerait. La peine, la fatigue disparaissent d’un côté devant la perspective de mourir de faim, et de l’autre en face de l’espoir de trouver des vivres.

« Si j’allais réussir ! » me disais-je ; et mon cœur bondissait. Dans tous les cas, mieux valait employer mon temps à cette recherche libératrice, que de me livrer au désespoir. Si mes efforts n’étaient pas récompensés, la lutte m’épargnerait toujours les terreurs de l’agonie ; du moins elle en raccourcirait la durée, en me distrayant d’une part, et en me laissant espérer jusqu’au dernier moment.

J’étais à genoux, mon couteau à la main, bien résolu à m’en servir avec courage. Lame précieuse ! combien j’en estimais la valeur ? Je ne l’aurais pas échangée pour tous les lingots du Pérou.

J’étais donc agenouillé ; j’aurais voulu être debout que les proportions de ma case ne me l’auraient pas permis ; vous vous rappelez que le plafond en était trop bas.

Est-ce l’attitude que j’avais alors qui m’en suggéra