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Il serait tout au moins facile d’engager ceux qui voyagent sur mer à se munir d’un appareil de sauvetage : ce serait une précaution à la fois simple et peu coûteuse, et qui sauverait tous les ans plusieurs milliers de personnes ; je puis en donner la preuve.

Les gouvernements prennent le soin tout spécial de taxer les voyageurs, en les obligeant à se munir d’un papier inutile ; mais ils se soucient fort peu, quand ils ont votre argent, que vous et votre passeport alliez au fond de la mer.

Peu importe, jeune lecteur ; que ce soit oui ou non le désir de ceux qui vous gouvernent, croyez-moi, apprenez à nager ; commencez dès aujourd’hui, si la saison le permet, et ne manquez pas un seul jour de vous y exercer, tant que le froid n’y mettra pas obstacle. Soyez bon nageur avant d’arriver à l’âge où vous n’aurez plus de loisirs, où tous vos instants seront consacrés aux exigences de la vie, aux devoirs d’une profession, à tous ceux qui remplissent la carrière de l’homme ; vous courez d’ailleurs le risque d’être noyé, bien avant l’époque où poussera votre moustache.

Quant à moi, j’ai failli bien souvent être victime de ma passion pour la mer ; les ondes que j’aimais tant semblaient désireuses de m’engloutir ; et je les aurais accusées d’ingratitude, si je n’avais su que les vagues ne raisonnent pas, et sont dépourvues de responsabilité.