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courage pour diviser mon biscuit, et pour mettre à part la moitié qui s’attachait à mes doigts, et que réclamait mon estomac ! Mais j’avais triomphé de moi-même, à l’exception du lendemain de la première tempête, où, il vous en souvient, j’avais mangé quatre biscuits en un seul repas ; et je me félicitais d’avoir bravé les exigences d’un appétit dévorant.

Quant à la soif, je n’en avais pas souffert ; ma ration d’eau était suffisante, et plus d’une fois je ne l’avais pas même absorbée complétement.

J’en étais là, quand la provision de biscuits que j’avais faite, se trouva enfin épuisée. « Tant mieux, pensais-je, c’est une preuve que le vaisseau marche, puisqu’il y en avait pour quinze jours, autant de moins à passer dans mon cachot. » Il fallait retourner au magasin, reprendre des biscuits pour une nouvelle quinzaine, et tout d’abord retirer la pièce de drap qui me fortifiait de ce côté.

Chose bizarre ! tandis que je procédais à cette opération, une anxiété singulière s’empara de mon esprit, ma poitrine se serra : c’était le pressentiment d’un grand malheur, ou plutôt l’effroi causé par un bruit que je ne pouvais attribuer qu’à mes odieux voisins. Bien souvent, et même près qui toujours, des bruits semblables avaient résonné autour de ma cabine ; mais aucun ne m’avait fait cette