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cage à poules, une esparre, une planche ou un tonneau ; les faits sont là qui prouvent que bien des gens ont été sauvés par des moyens aussi chétifs. Un navire peut être en vue, se diriger vers la scène du désastre, et le bon nageur peut l’atteindre, ou se soutenir sur les flots jusqu’à son arrivée, tandis que les malheureux qui ne savaient pas nager sont tombés au fond de la mer.

Vous savez d’ailleurs que ce n’est pas au milieu des océans que se perdent la plupart des vaisseaux ; la tempête est rarement assez forte pour briser un navire en pleine mer ; il faut pour cela qu’elle ait, suivant une expression de matelots, déchargé tous ses canons ; c’est en général en vue du port ou sur le rivage même que les bâtiments sont détruits. Vous comprenez combien, en pareil cas, il est précieux de savoir nager ; il y a tous les ans plusieurs centaines d’individus qui périssent à cent mètres d’une côte. De semblables catastrophes arrivent dans les rivières : un bateau chavire, et les gens qui s’y trouvaient sont noyés à quelques brasses de la rive.

Tous ces faits sont connus ; ils se passent à la face de toute la terre, et l’on se demande comment tout le monde ne se tient pas pour averti, et n’apprend pas à nager.

On est surpris de ne pas voir les gouvernements pousser la jeunesse à acquérir un talent aussi précieux.