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mes bottines, ainsi que j’avais fait la première fois. De plus j’avais pris soin de lier chacune des jambières de mon pantalon, afin d’empêcher le rat de s’y introduire, comme son prédécesseur.

Je ne trouvais aucun plaisir à ce genre de chasse ; mais j’étais bien résolu à me délivrer de cette engeance, afin de me reposer sans inquiétude et de goûter le sommeil qui m’était si nécessaire.

À l’œuvre donc ! et j’y fus bientôt avec courage. Mais horreur des horreurs ! Figurez-vous mon effroi quand, au lieu d’un rat, je m’aperçus qu’il y en avait une légion dans ma cabine ; mes mains ne retombaient pas sans en toucher plusieurs. Ils foisonnaient littéralement ; je les sentais me courir sur les jambes, sur les bras, sur le dos, partout, en poussant des cris affreux qui semblaient me menacer.

Ma frayeur devint si vive que je faillis en perdre la tête. Je ne pensai plus à combattre, je ne savais plus ce que je faisais ; toutefois j’eus l’instinct de déboucher l’ouverture qu’obstruait ma jaquette, et de frapper avec celle-ci dans toutes les directions, tandis que je criais de toute la puissance de ma voix.

La violence de mes coups et de mes clameurs produisit l’effet que j’en attendais : tous les rats prirent la fuite. Au bout de quelques instants, le bruit