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expédient que de tomber sur l’ennemi, et de l’étouffer entre mes mains. Si j’avais été sûr de le saisir à la gorge, de façon qu’il ne pût pas me mordre, je me serais décidé à l’étrangler. Mais c’était là le difficile ; je ne pouvais, dans les ténèbres, que l’attaquer à l’aventure ; et il en profiterait pour me déchirer à belles dents. Et puis j’avais le pouce dans un tel état que j’étais loin d’avoir la certitude de prendre ma bête, encore moins de l’écraser.

Je pensai au moyen de me protéger les doigts avec une paire de gants solides ; je n’en avais pas : c’était inutile d’y songer.

Mais non ; j’en eus bientôt la preuve : l’idée de la paire de gants m’en suggéra une autre ; elle me rappela mes chaussures que j’avais oubliées. En me fourrant les mains dans mes bottines je serais à l’abri des dents tranchantes de mon rat, et quand je tiendrais ma bête sous la semelle, j’étais bien sûr de ne pas la lâcher qu’elle ne fût morte. Une fameuse idée que j’avais là, et je me disposai à la mettre à exécution.

Plaçant mes bottines à côté de moi, je me blottis auprès de l’issue par laquelle devait arriver l’animal ; vous vous rappelez que j’avais eu soin de boucher tous les autres passages ; au moment où le rat se présenterait dans ma cellule, je fermerais avec ma jaquette l’ouverture qu’il laisserait derrière lui ; et me hâtant d’enfiler mes bottines, je