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il me semblait que de petites pattes me couraient sur les jambes avec rapidité.

Réveillé complétement par cette impression désagréable, je n’en restai pas moins immobile, pour savoir si la chose se renouvellerait.

Je pensais bien que c’était ma souris qui cherchait mes bottines ; et, sans en être plus content, je résolus de la laisser venir jusqu’à portée de mes doigts, sachant bien qu’il était inutile de courir après elle. Mon intention n’était pas même de la tuer ; je voulais seulement lui pincer l’oreille ou la serrer un peu fort, de manière à lui ôter l’envie de venir m’importuner.

Il se passa longtemps sans que rien se fît sentir ; mais à la fin j’espérai que ma patience allait être récompensée : un léger mouvement de la couverture annonçait que l’animal avait repris sa course, et je crus même entendre le frôlement de ses griffettes. La couverture s’ébranla davantage, quelque chose se trouva sur mes chevilles et bientôt sur ma cuisse. Il me sembla que c’était plus lourd qu’une souris ; mais je ne pris pas le temps d’y penser, car c’était le moment, ou jamais, de s’emparer de l’animal. Mes mains s’abattirent, et mes doigts se refermèrent…. quelle méprise, et quelle horreur !

Au lieu d’une petite souris, je rencontrai une bête de la grosseur d’un chaton ; il n’y avait pas à s’y tromper, c’était un énorme rat.