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redoublèrent ; la souris dévorait mon brodequin, et à l’ardeur qu’elle y mettait, le dommage ne tarderait pas à être sérieux. Bien que mes chaussures me fussent inutiles pour le moment, je ne pouvais pas permettre qu’on les rongeât de la sorte, et me levant tout à coup, je me précipitai sur la bête.

Je n’en touchai pas même la queue, mais je crus entendre que la fine créature s’esquivait en passant derrière la pipe d’eau-de-vie, qui laissait un vide entre sa paroi extérieure et les flancs du vaisseau.

Je tenais mes bottines, et je découvris avec chagrin que presque toute la tige en avait été rongée. Il fallait que la souris eût été bien active pour avoir fait tant de dégât en aussi peu de temps ; car au moment où j’avais cherché mon biscuit, les bottines étaient encore intactes ; et cela ne remontait pas à plus de quatre ou cinq heures. Peut-être plusieurs souris s’en étaient-elles mêlées ; la chose était probable.

Autant pour n’être plus troublé dans mon sommeil que pour préserver mes chaussures d’une entière destruction, j’ôtai ces dernières de l’endroit où elles étaient, et, les plaçant auprès de ma tête, je les couvris d’un pan de l’étoffe sur laquelle j’étais couché ; puis, cette opération faite, je me retournai pour dormir à mon aise.

Cette fois, j’étais plongé dans un profond sommeil, lorsque je fus réveillé par une singulière sensation :