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Ces réflexions, et la faim qui me dévorait, me tinrent éveillé pendant longtemps ; je finis toutefois par m’endormir, mais d’un mauvais sommeil, d’où je me réveillais en sursaut toutes les quatre ou cinq minutes.

Dans l’un des intervalles où j’étais éveillé, il me sembla percevoir un bruit qui n’avait rien de commun avec tous ceux que j’entendais ordinairement. La mer était paisible, et ce bruit inaccoutumé, non-seulement résonnait au-dessus du murmure des vagues, mais se distinguait à merveille du tic tac de ma montre, qui n’avait jamais été plus sonore.

C’était un léger grattement, il était facile de s’en rendre compte, et il provenait du coin où gisaient mes bottines ; quelque chose en grignotait le cuir ; était-ce le crabe ?

Cette pensée me réveilla tout à fait ; je me mis sur mon séant ; et l’oreille au guet, je me préparai à tomber sur le voleur ; car j’avais maintenant la certitude que la créature que j’entendais, que ce fût un crabe ou non, était celle qui m’avait pris mon souper.

Le grignotement cessa, puis il revint plus fort ; et certes il partait de mes bottines.

Je me levai tout doucement afin de saisir le coupable, dès que le bruit allait reprendre, car il avait cessé.

Mais j’eus beau retenir mon haleine, y mettre de