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CHAPITRE XXXVI

Un odieux intrus


Je fus longtemps sans pouvoir m’endormir, j’étais préoccupé de la disparition mystérieuse de mon biscuit. Je dis mystérieuse, parce que j’étais convaincu de ne l’avoir pas mangé ; il fallait s’expliquer le fait d’une autre manière. Je n’y pouvais rien comprendre ; j’étais seul dans la cale ; personne n’y pénétrait ; qui donc aurait pu toucher à mon biscuit ? Mais j’y pensais maintenant : et le crabe de mon rêve ? peut-être avait-il existé. Je n’étais pas allé au fond de la mer, pas plus que je n’étais mort, je l’avais rêvé, c’était incontestable ; mais ce n’était pas une raison pour que le reste de mon cauchemar fût un mensonge, et le crabe qui avait rampé sur moi, avait pu manger mon souper.

Ce n’était pas sa nourriture habituelle, je le savais bien ; mais à fond de cale, et n’ayant pas de choix, il avait pu se nourrir de biscuit à défaut d’autre chose.