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Je ne comprenais pas bien ce que signifiait cette expression ; mais j’avais entendu dire que la zone torride, ou les tropiques, se trouvait au midi de l’Angleterre, et qu’il y faisait plus chaud qu’aux heures les plus brûlantes de nos plus beaux étés. On m’avait dit également que le Pérou était une contrée méridionale ; et pour y arriver il fallait sans aucun doute franchir cette zone ardente.

Cela m’expliquait la chaleur qu’il faisait maintenant dans la cale ; il y avait à peu près une quinzaine que nous étions sortis du port ; en supposant que nous eussions fait deux cents milles par jour, et il n’est pas rare qu’un navire fasse davantage, nous devions être bien loin des côtes de la Grande-Bretagne, et par conséquent avoir changé de climat.

Ce raisonnement, et toutes les pensées qu’il avait fait naître, m’avaient occupé toute la soirée ; j’étais enfin arrivé à la conclusion que je viens de dire, lorsque les aiguilles de ma montre annonçant qu’il était dix heures, je me disposai à souper.

Je tirai d’abord ma ration d’eau pour ne pas manger mon pain sec, et j’étendis la main pour saisir la part de biscuit que j’avais mise de côté. Il y avait parallèlement à la grande poutre qui soutenait la cale, et qui passait au-dessus de ma tête, une sorte de tablette où je plaçais mon couteau, ma tasse et le bâton qui me servait d’almanach. Je connaissais tellement bien cette planchette que je