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pas envie d’y revenir ; c’était sans doute une pipe de cette eau-de-vie de qualité inférieure que l’on embarque pour les matelots. J’en avais pris une fois ; et non-seulement elle m’avait donné des nausées, mais tellement enflammé la bouche et l’estomac, que j’avais bu deux quartes d’eau sans apaiser ma soif. Cette épreuve m’avait suffi pour me mettre en garde contre les spiritueux, et je n’avais nulle envie de recommencer.

Lorsque vint le soir, ce que m’annoncèrent ma montre et mon envie de dormir, je voulus naturellement souper avant de me mettre au lit.

Ce dernier acte de ma journée consistait à changer de position, et à tirer sur moi deux plis du drap qui me servait de couverture, afin de me préserver du froid.

J’avais été gelé pendant la première semaine, car nous étions partis en hiver, et la découverte de cette bonne grosse étoffe m’avait été fort précieuse ; toutefois au bout de quelque temps, elle me devint moins utile ; l’air de la cale s’atiédissait de jour en jour ; et le lendemain de la tempête j’eus à peine besoin de me couvrir.

Ce brusque changement de température me surprit tout d’abord ; mais avec un peu de réflexion, je me l’expliquai d’une manière satisfaisante. Sans aucun doute, pensai-je, nous nous dirigeons vers le Sud, et nous approchons de la zone torride.