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ll est facile de deviner quel événement tragique eût terminé cet épisode ; l’eau pénétrait dans ma bouche, elle m’entrait dans les narines, je commençais à perdre connaissance, et je serais mort en moins de quelques minutes.

Juste au moment critique où je sentais la vie m’abandonner, quelque chose de rude me froissa les deux genoux ; c’était le gravier qui se trouvait au fond du lac, et je n’avais plus qu’à me relever pour avoir la tête au-dessus de l’eau.

Je n’hésitai pas une seconde, ainsi que vous le pensez bien ; j’étais trop heureux de mettre un terme à cette promenade périlleuse, et je lâchai la patte de mon cygne, qui s’envola immédiatement, et qui s’éleva dans l’air en jetant des cris sauvages.

Quant à moi, j’étais debout, n’ayant plus d’eau que jusqu’à l’aisselle, et après un nombre considérable d’éternuments, compliqués de toux et de hoquets, je me dirigeai en chancelant vers la rive, où je remis pied à terre avec satisfaction.

J’avais eu tellement peur que je ne pensais pas à regarder où pouvait être mon sloop ; je lui laissai finir paisiblement sa traversée, et courant aussi vite que mes jambes pouvaient le faire, je ne m’arrêtai qu’à la maison, où j’allai me mettre devant le feu pour sécher mes habits.