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C’est ainsi que pendant près d’une semaine passèrent les heures ; ces heures si longues, si ténébreuses et si lourdes, qui m’accablaient parfois d’un immense ennui, mais que je supportais avec résignation.

Chose singulière, c’était l’obscurité qui m’était le plus pénible ; j’avais d’abord souffert de ne pas pouvoir me tenir debout, et de la dureté des planches lorsque j’étais couché ; mais j’avais fini par en prendre l’habitude ; il m’avait été d’ailleurs facile de remédier au second de ces deux inconvénients. La caisse, vous vous le rappelez, qui se trouvait derrière mes biscuits, était remplie d’une grosse étoffe de laine, formant des rouleaux serrés comme on les fait dans les manufactures. Pourquoi ne m’en serais-je pas servi pour rendre ma couche un peu plus confortable ? Aussitôt pensé, aussitôt fait. J’ôtai les biscuits de la première caisse, j’élargis l’ouverture que j’avais pratiquée dans le couvercle de la suivante, et j’arrachai, non sans peine, l’un des rouleaux d’étoffe qui s’y trouvaient contenus. J’en tirai un second, puis un troisième, qui vinrent plus facilement, et qui devaient suffire à ce que j’en voulais faire. Il me fallut deux heures pour en arriver là : mais aussi je fus en possession d’un tapis, moelleux et d’un matelas, peut-être non moins chers que ceux d’un roi, car je sentais, à la main, un tissu d’une qualité superfine.