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de me coucher à dix heures du soir, et de me lever à six heures du matin. C’était la règle dans la maison de mon père, aussi bien que chez mon oncle, et j’y avais été soumis avec une exactitude rigoureuse. Il en résultait qu’aux environs de dix heures j’avais envie de dormir ; et l’habitude en était si bien prise, qu’elle persista malgré le changement de situation. Je ne fus pas longtemps à m’en apercevoir : le besoin de sommeil se faisait régulièrement sentir ; et j’en conclus qu’il était près de dix heures du soir lorsque j’éprouvais ce besoin irrésistible. J’avais également observé que je me réveillais au bout de huit heures, et qu’alors je n’avais plus la moindre envie de dormir. À mon réveil, il devait être six heures du matin ; et je réglai ma montre d’après cette donnée.

Il y avait pour moi, sinon de l’importance à mesurer les jours, du moins une satisfaction réelle à savoir au bout de vingt-quatre heures qu’il y en avait un d’écoulé ; c’était le seul moyen de me rendre compte de la marche du navire ; et quand l’aiguille avait accompli deux fois le tour du cadran, je le marquais sur une taille que j’avais faite à cette intention. Je n’ai pas besoin de dire avec quel intérêt je tenais ce calendrier, auquel j’avais fait quatre incisions pour marquer les jours qui avaient précédé l’époque où je m’en étais occupé, laps de temps dont plus tard je reconnus l’exactitude.