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je pouvais y passer ma jauge, l’appuyer contre le rebord du côté opposé, y marquer le petit diamètre, ainsi que j’avais fait précédemment ; et ce fut l’affaire d’une minute.

Restait à m’assurer de la longueur de la futaille, et cette opération, très-simple en apparence, ne m’en donna pas moins beaucoup de peine. « Cela se bornait, direz-vous, à placer la baguette parallèlement à la tonne, et à y faire aux deux bouts une entaille qui en indiquât la longueur. » Rien n’est plus vrai ; mais il aurait fallu, comme je l’ai dit plus haut, que ma cabine fût assez éclairée pour me permettre de voir à quel endroit de ma baguette correspondait l’extrémité de la barrique, dont je ne distinguais pas même l’ensemble. Dans la nuit profonde où je me trouvais alors, il ne m’était possible de découvrir les objets qu’au moyen de l’attouchement ; c’était avec les doigts que je pouvais dire où commençait la futaille, et il n’y avait pas moyen d’en sentir l’extrémité en même temps que celle de la baguette, puisqu’il y avait entre les deux un espace beaucoup plus grand que ma main. Autre difficulté, la jauge pivotait sur le ventre du tonneau, et pouvait, en décrivant une diagonale, me causer une erreur qui annulerait tous mes calculs. Impossible d’opérer sur une base aussi incertaine, et je fus pendant quelques instants fort embarrassé pour résoudre mon problème.