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Il n’était pas moins indispensable de régler ma portion d’eau quotidienne ; mais il restait toujours à établir la quantité contenue dans la futaille, afin de la diviser en autant de rations que j’avais de parts de biscuit. Comment arriver là ? C’était une ancienne tonne de vin ou d’eau-de-vie, du moins, je le présumais, car, sur les navires de cette espèce, c’est en général ce qui sert à embarquer la provision d’eau pour l’équipage. Si j’avais pu savoir quelle sorte de liquide elle avait contenu jadis, il m’aurait été facile de faire mon calcul, et d’une façon exacte : je possédais sur le bout du doigt ma table des liquides, la plus difficile de toutes. Elle m’avait valu tant de coups de férule, que j’avais fini par la répéter d’un bout à l’autre sans me tromper d’un gallon[1]. Pipes, tonneaux, pièces et futailles, barils de liqueurs, tonnes de vin, je savais distinguer tous ces termes, et j’en pouvais dire la capacité, pourvu toutefois qu’ils fussent qualifiés par leur contenu. Était-ce du rhum, de l’eau-de-vie, du gin, ou du porto, du malaga, du ténériffe, du madère, qu’il y avait eu dans ma tonne ? Je m’imaginais reconnaître le parfum du xérès ; c’eût été alors une belle et bonne pipe de cent huit gallons. Mais ce pouvait être le bouquet du madère, du vin du Cap, ou de Marsala, et ma pipe ne serait plus alors que de quatre-vingt-douze gallons et si c’était

  1. 4 litres et demi.