Page:Reid, À fond de cale, 1868.djvu/185

Cette page n’a pas encore été corrigée

un jeu que de les compter un à un. Je les tirai de la boîte pour les y ranger de nouveau, et je trouvai en fin de compte les trente-deux douzaines, moins huit, dont je connaissais l’emploi.

Ces trente-deux douzaines me donnaient trois cent quatre-vingt-quatre biscuits ; ôtez les huit que j’avais mangés, il en restait encore trois cent soixante-seize, qui, divisés par deux pour chaque ration quotidienne, ne dureraient pas moins de cent quatre-vingt-huit jours. C’était un peu plus de six mois ; mais dans la crainte où j’étais que le voyage ne durât plus longtemps, il me parut nécessaire de diminuer la ration que je m’étais allouée d’abord.

Toutefois s’il y avait une autre caisse de biscuits derrière celle que j’avais ouverte, cela m’assurerait contre toutes les chances de disette ; je me ferais des rations plus copieuses, et serais plus tranquille pour l’avenir. Qu’y avait-il à cela d’impossible ? Au contraire, la chose était probable. Je savais que, dans l’arrimage d’un navire, on ne se préoccupe pas de la nature des objets qu’on place, mais de leur forme et de leur volume ; d’où il résulte que les choses les plus disparates sont juxtaposées, d’après la dimension de la caisse, de la barrique ou du ballot qui les renferme. Il était donc possible de rencontrer deux caisses de biscuits à côté l’une de l’autre.

Mais comment le savoir ? Je ne pouvais pas faire