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cru sorti, et ne serais préservé de la faim que pour subir une mort plus douloureuse.

J’arrêtai l’eau immédiatement, d’abord avec mes doigts, puis avec le chiffon ; et dès que celui-ci fut à sa place je me mis en devoir de le remplacer par une cheville, comme d’abord j’en avais eu le projet.

Il me fut facile de couper un morceau du couvercle de la caisse, de lui donner une forme conique, et d’en faire un bouchon exactement adapté à l’ouverture qu’il devait clore.

Brave matelot ! que je le bénissais pour le couteau qu’il m’avait donné.

Mais combien du précieux liquide avais-je perdu ?

Je me reprochais amèrement ma négligence, et je regrettais d’avoir percé la futaille aussi bas. C’était cependant une mesure de précaution ; d’ailleurs à l’époque où je l’avais prise, je n’avais d’autre pensée que de boire le plus tôt possible.

Il était encore bien heureux que je me fusse aperçu de la fuite de l’eau ; si j’avais attendu qu’elle s’arrêtât d’elle-même, il ne m’en serait pas resté pour une semaine.

Je cherchai à connaître l’étendue de la perte que l’avais faite. Il me fut impossible d’y arriver. Je frappai bien le tonneau à différents endroits ; mais les craquements du navire et le bruissement de la mer ne me permirent pas déjuger avec exactitude de la différence des sons. Je crus entendre que la